Indymedia.be is niet meer.

De ploeg van Indymedia.be is verhuisd naar DeWereldMorgen.be waar we samen met anderen aan een nieuwswebsite werken. De komende weken en maanden bouwen we Indymedia.be om tot een archief van 10 jaar werk van honderden vrijwilligers.

Elections : les dangers du sécuritaire

Elections : les dangers du sécuritaire

Les grands partis belges, dans leur programme pour les élections de ce 10 juin 2007, ont pratiquement tous donné une place importante ou prépondérante au thème de la sécurité. Le MR en tête, qui a récupéré le mouvement français ultra-sécuritaire sarkozyste. Mais quelles sont les réelles implications de cette sécurité que l’on fait miroiter devant les yeux des électeurs ?

Habituellement, la thématique de la sécurité et du sentiment d’insécurité qui lui est intimement associé était utilisée en politique… par les partis d’extrême droite ! En effet, le FN, par exemple, a toujours joué sur le renforcement policier, le renforcement des moyens de surveillance et de contrôle, l’exclusion etc. Ce n’est un secret pour personne.
Le regain du mouvement sécuritaire en politique s’est véritablement produit après le 11 septembre 2001. La peur-panique du terrorisme s’est répandue à grande vitesse, avec l’adoption quasi-immédiate de lois « d’exception » (qui sont malheureusement devenues la règle depuis lors) telles que le Patriot Act. De telles lois sont parties des Etats-Unis, mais ont également été adoptées au niveau européen et au niveau belge. Or, les conséquences de telles lois antiterroristes sont immenses. Ces lois d’exception permettent en effet d’outrepasser les droits et libertés constitutionnels des citoyens. C’est ainsi que, par exemple, George W. Bush a violé les droits de l’homme et même les droits constitutionnels de son pays en autorisant la détention et l’enfermement (voire même la torture), sans procès et sans limite dans le temps, de toute personne soupçonnée de terrorisme. La nuance est ici très importante, puisqu’on ne part plus de la présomption d’innocence de la personne, mais bien d’un simple soupçon (justifié ou non) qui devient suffisant pour priver un être humain de toute liberté. Le système devient donc préventif, avec la porte grande ouverte à l’arbitraire le plus total. En d’autres termes, depuis l’adoption de ces lois d’exception antiterroristes, nous ne vivons déjà plus, en réalité, dans un Etat véritablement démocratique, mais dans un Etat qui se dirige clairement vers la tyrannie !
Mauvaise nouvelle : Tony Blair, avant de quitter ses fonctions de Premier ministre britannique, vient de proposer un nouveau renforcement des lois antiterroristes, avec… la possibilité de détenir une personne sans procès (voir article sur http://www2.canoe.com/infos/international/archives/2007/05/20070524-1253... ) ! Il s’agit d’une infraction claire aux droits de l’homme et aux libertés constitutionnelles, et d’une récupération du (mauvais) exemple américain.
La psychose antiterroriste, savamment entretenue par les autorités et les grands médias, va de plus en plus loin, s’aventurant même dans des projets qui donnent la chair de poule… Ainsi, aux USA, on est en train de débattre, au Congrès, de la possibilité que tous les employés des aéroports reçoivent sous la peau une puce électronique d’identification (toujours dans le contexte des lois antiterroristes et de la pseudo-sécurité) ! Voir à ce sujet l’article sur http://infowars.net/articles/may2007/190507Microchipping.htm .
Il est aussi capital de remarquer que les terroristes ne constituent plus, désormais, la seule cible des projets sécuritaires : aux USA, des écoutes téléphoniques illégales ont été effectuées, sous l’excuse des lois antiterroristes, afin d’espionner les discours et les actions de manifestants, contestataires, dissidents, grévistes ou activistes en tout genre ! Il y a donc un glissement qui s’effectue depuis la lutte contre le terrorisme jusqu’à… la surveillance et la répression de toute personne qui manifeste un peu trop fort ses opinions ! Et lorsque l’on sait que des centaines de « camps d’internement pour civils » ont été aménagés aux Etats-Unis, il y a de quoi frissonner. Des réminiscences nazies se rappellent en effet douloureusement à notre souvenir.
Notre petit pays, la Belgique, n’est pas en reste : un citoyen belge d’origine turque, Bahar Kimyongür, qui avait simplement traduit un tract pour un groupe « terroriste » (rappelons que la constitution belge autorise de façon formelle la liberté d’expression), avait d’abord été condamné à une peine de prison, puis ce jugement a finalement été revu en cour d’appel. Sommes-nous donc en train de verser, nous aussi, dans la folie sécuritaire, une folie qui mène tout droit à la dictature ?
La lutte contre la criminalité plus conventionnelle a, elle aussi, drainé de dangereux excès : ainsi, l’année passée, suite aux meurtres crapuleux (dont un à caractère pédophile) des petites Stacy et Nathalie, le sénateur et neurochirurgien Jacques Brotchi (MR) avait déposé un projet de loi pour le contrôle comportemental et le pistage des agresseurs sexuels. Il préconisait 2 solutions : la castration chimique ou… la puce sous-cutanée pour humains (oui, la même puce que celle prônée par les USA pour les employés des aéroports, notamment) ! Il avait déposé ce projet de loi pour les agresseurs sexuels, mais il avait également signalé dans une interview que des applications pour cette puce implantable pour humains allaient être également adoptées dans les domaines de la santé et… de la sécurité (voir article du magazine « Le Vif, L’Express » sur http://www.levif.be/articles/index.jsp?articleID=1388&sectionID=8&siteID... , en bas de page)! Clairement, ce n’est donc pas uniquement le public des criminels qui est visé, mais bien, progressivement, l’ensemble de la population !
Depuis l’année passée, des moyens de surveillance voire d’espionnage des citoyens ont été mis en place dans toute l’Europe dans le contexte des lois antiterroristes. Ainsi, l’enregistrement et la rétention des données téléphoniques et des courriers électroniques de chaque personne soupçonnée (à tort ou à raison) de terrorisme ont été mis en application.
Faut-il également rappeler que des bases de données électroniques diverses existent à tous les niveaux, ou que l’on a vu se démultiplier un peu partout les caméras de surveillance dans notre pays, sous le prétexte fallacieux de la « protection » et de la « sécurité » du citoyen ? Le peuple lui-même semble demandeur de ce genre de mesure, leurré par l’utopie de la sécurité totale et la présentation manipulatrice et résolument positive que l’on donne des mesures sécuritaires.
Il ne faudrait pas oublier que davantage de mesures de « sécurité » signifient également davantage de surveillance et de contrôle ainsi que, potentiellement, davantage de répression, donc moins de libertés !
En France, Sarkozy a réussi, en l’espace de quelques mois seulement, à faire passer toute une série de mesures qui étaient prônées depuis des années par… Jean-Marie Lepen et le Front national ! Des lois censées lutter contre la délinquance (dès l’âge de 3 ans !) ont été mises en place, et les moyens de contrôle ont été renforcés à plusieurs niveaux. Sarkozy a promis du reste que les mesures de sécurité se multiplieraient encore s’il était élu président. Un bien mauvais présage, puisque « Sarko » est à présent en effet président de la France…
Chez nous, en Belgique, la victoire électorale et la politique ultra-sécuritaire de Sarkozy ont été saluées par Didier Reynders (MR) et Guy Verhofstadt (Open VLD), et non seulement les partis libéraux ont récupéré les idées sécuritaires, mais même des partis plus à gauche (PS et CDH) ont intégré à leur programme une portion dédiée à la sécurité…
Même les enfants ne sont plus épargnés : une loi votée pendant les grandes vacances en 2006 (période à laquelle trop peu de monde prête attention au monde politique, donc un moment de prédilection pour les politiciens afin de faire passer les lois les plus révoltantes) a ainsi rendu obligatoires les contacts entre les écoles et la police, notamment dans le cas des élèves qui font l’école buissonnière !
Il est encore plus étonnant de s’apercevoir qu’aucun parti n’a pris quelque décision que ce soit pour défendre et garantir les libertés individuelles des citoyens, et qu’aucun journal de la grande distribution n’a abordé les dangers qui se dissimulent derrière le masque trompeur mais rassurant du sécuritaire.
Les élections auront lieu ce week-end. Espérons que les partis qui ont opté pour ces dangereuses solutions sécuritaires ne passent pas… C’est la seule façon dont nous pourrons éviter que, d’ici quelques années ou quelques mois, nous nous retrouvions dans la même situation de dictature que les Etats-Unis.

Marcel Charlier.